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Les Zones Humides

Les zones humides disparaissent trois fois plus vite que les forêts.

QU’EST CE QUE LES ZONES HUMIDES? 

Les zones humides c’est un havre de biodiversité. C’est un des écosystèmes les plus diversifié et productif (incluant faune et flore) : 40% des espèces de la planète vivent ou se reproduisent dans les zones humides (1). Ce sont les marais, mangroves, mares, étangs, lacs, lagunes, tourbières, rivières, récifs coralliens, estuaires… Toutes ces formes sous lesquelles nous retrouvons une zone humide ont un point commun : l’eau.

« L’eau est un bien commun de l’humanité́ » Déclaration de l’ONU – juillet 2010

L’eau est une ressource vitale à caractère unique pour la vie sur la planète, elle est indispensable à l’Homme. On sait aujourd’hui que l’eau douce représente moins de 1% de l’eau disponible sur Terre. Cette eau est principalement stockée dans les zones humides (2). L’eau, les zones humides et l’homme sont liés. Nous dépendons des zones humides.

Au-delà de stocker l’eau, elles offrent beaucoup de service à l’Homme, notamment en régulant le cycle de l’eau, en fonctionnant comme de véritables éponges naturelles : elles limitent la montée des eaux lors d’inondations ou de tempêtes en pompant l’eau, et alimentent les nappes phréatiques pendant les périodes de sécheresse. 

Elles répondent aux besoins de subsistance de l’Homme puisqu’elles permettent la chasse, la pêche ou encore la culture. 

De plus, avec un manque de considération évident, le modèle économique dépend des zones humides. En Asie, les mangroves au sud de la Thaïlande agissent comme barrière contre les tempêtes. Le bénéfice de cette protection a été chiffré à 10 000 dollars par hectare (RAMSAR).

Enfin, les zones humides sont aussi des puits de carbone naturels. Les tourbières sont des écosystèmes qui représentent 3% de la surface du globe et stockent pourtant deux fois plus de carbone que toutes les forêts du monde, c’est-à-dire près du tiers du carbone terrestre (3). Les accords de Paris sur le climat ont d’ailleurs reconnu que les zones humides limitent les quantités de carbone atmosphérique, elles sont considérées comme l’une des solutions naturelles primordiales du changement climatique et une aide précieuse pour stabiliser le réchauffement planétaire. 

QU’EN EST-IL AUJOURD’HUI ?

Malheureusement aujourd’hui, plus de la moitié des ZH a disparu, dont 35% entre 1970 et 2015, moins de 50 ans (RAMSAR) : en effet les zones humides disparaissent trois fois plus vite que les forêt (4). Ce sont les écosystèmes les plus en danger. En les dégradant et les détruisant nous mettons en péril l’environnement et notre propre survie.La gestion de l’eau des zones humides est guidée pour répondre exclusivement aux besoins des hommes. Mais les pressions que doivent subir les zones humides suite à cette stratégie sont multiples :  artificialisation des sols, pollution, urbanisation, exploitation abusive de l’eau, agriculture, mauvais assainissement, etc. 

Ces pressions réduisent la capacité des zones humides à assurer leur fonctions & services. Or les zones humides permettent de préserver la quantité et la qualité de l’eau. Pourtant selon, l’Organisation des Nations Unies (ONU), plus de 80% des eaux usées sont déversées dans les zones humides sans traitement adéquat.  La quantité d’eau disponible est en baisse, le débit des rivières est affecté par les prélèvements d’eau et les barrages (845 000 dans le monde).

L’exploitation des tourbières transforme malheureusement ce puit de carbone en source d’émission, car 1 hectare de tourbière vaut 700 tonnes de CO2 par hectare et par mètre d’épaisseur. Aujourd’hui le brulage et drainage des tourbières est équivalent à 1/10e des émissions mondiales des combustibles fossiles (RAMSAR).

Autre problème ; celui des espèces invasives. Des plantes ou animaux exotiques s’installent dans les zones humides et s’adaptent en impactant les espèces indigènes (colonisation, compétition, destruction d’habitats, introduction de maladies) et les milieux (modification de l’acidité ou atténuation de la lumière de certains espaces). Ces nouvelles espèces ont été introduites à cause du transport de marchandises par voie aérienne ou maritime, ou par l’importation de semences étrangères. 

La perte de biodiversité et l’appauvrissement de la vie dans les écosystèmes sont le résultat de l’exploitation non durable et dégradante que nous infligeons à la planète.   

Quand allons-nous nous rentre compte que nous nous reposons sur les ZH pour maintenir toutes formes de vie – espèce humaine inclue ? : « C’est une question essentielle pour le climat, et une question essentielle pour l’eau » Jérôme Bignon, président RAMSAR France

TOUT N’EST PAS PERDU

Fort heureusement, une fois qu’une zone humide disparait ce n’est pas irréversible. Il est possible de restaurer un cours d’eau, le terrain a toujours ses propriétés (comme creuser des fossés enfouis par exemple).

C’est ce que s’efforce de faire la convention de RAMSAR – du nom de la ville iranienne dans laquelle, elle a été adoptée en 1971. Ce traité international a été établi pour prendre des mesures en faveur de la conservation et de la gestion durable des zones humides partout dans le monde. Aujourd’hui 170 pays l’ont ratifié.

Les pays qui se rattachent à la convention s’engagent à inscrire au minimum une zone humide sur la liste des sites Ramsar, qui désigne une « zone humide d’importance internationale ». Le site peut prétendre à la certification s’il répond aux 9 critères de la convention (5). Ils se répartissent en deux groupes : le groupe A relatif aux « sites contenant des types de zones humides représentatifs, rares ou uniques » et le groupe B relatif à « la conservation de la diversité biologique » (incluant espèces & communautés, oiseaux d’eaux, poissons, autres espèces). Aujourd’hui c’est plus de 2400 sites qui sont inscrits sur la liste des sites RAMSAR.

Il existe d’autres exemples d’initiatives :  

  • La restauration de près de 25% des forets de mangroves au Sénégal pour permettre de stocker 500 milles tonnes de CO2 en 20 ans. Cette action protègera 200 000 personnes contre les tempêtes et renforcera la sécurité alimentaire en augmentant la pêche et production de riz.
  • Le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède restaurent actuellement les tourbières nordiques et baltiques pour protéger la biodiversité et limiter le changement climatique.
  • L’Indonésie restaure 2 millions d’hectares de tourbières pour que les incendies dévastateurs de 2015 & 2016 causés par la sècheresse et le drainage des tourbières ne se reproduise plus.

Le rôle des ZH est majeur dans la lutte contre la pauvreté et le changement climatique. Elles permettent aussi de garantir la santé. Des sommets, des conventions, des organisations se créent pour encourager les décideurs à protéger les fonctions naturelles des zones et mettre en place des gouvernances cohérentes pour une utilisation rationnelle, en les considérant dans l’aménagement environnemental par exemple. Incluant aussi la sensibilisation & l’éducation pour développer des comportements favorables à leur égard. 

Pour agir à notre échelle il suffit de limiter notre consommation d’eau, utiliser des produits d’entretien plus respectueux de l’environnement, faire l’effort de préserver les milieux humides c’est-à-dire ne pas en faire une décharge et devenir responsable. Ne pas hésiter à rencontrer son élu pour se renseigner sur une zone humide près de son domicile (mieux la connaitre, mieux la préserver, agir ensemble pour la restaurer). Ou se rapprocher d’organisation qui agissent pour la préservation des zones humides, comme l’agence de l’eau. 

Vous pouvez aussi participer aux actions proposées partout en France par des centaines de structures organisatrices, le 2 février – journée mondiale des zones humides.  

Ou participer à l’évènement ECOGLOBE qui aura lui le 20 juin 2021 à la Barre de Monts – site certifié site RAMSAR

Musée Daviaud, La Barre de Monts, Vendée

Préservons ce qui peut être encore préserver, restaurons ce qui a été dégradé, et récréons des zones humides. Et surtout n’oublions pas : 

« La meilleure zone humide est celle qui ne disparait pas » – Jérôme Bignon, président RAMSAR France 

(1) https://www.ramsar.org/fr/news/les-zones-humides-lecosysteme-le-plus-precieux-du-monde-disparaissent-trois-fois-plus-vite-que

(2) https://www.ramsar.org/fr/news/valoriser-leau-et-les-zones-humides 

(3) https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/science-les-tourbieres-d-importants-puits-de-carbone-capables-de-resister-au-changement-climatique-mais-pas-a-l-activite-humaine-147750.html 

(4) https://unfccc.int/fr/news/les-zones-humides-disparaissent-trois-fois-plus-vite-que-les-forets 

(5) https://www.ramsar.org/sites/default/files/documents/library/ramsarsite_criteria_fr.pdf